jeudi 15 mai 2014

Une interview... Bruno Mantovani


Festival Messiaen:
     Pourriez-vous nous décrire votre parcours musical depuis votre entrée au CNSMDP en tant qu’élève en 1993 jusqu’à votre prise de fonction de ce même établissement en 2010 ?

Bruno Mantovani:
     J’ai eu un parcours assez varié qui était axé à la fois sur la création et l’écriture, compositions et toutes les disciplines de la plume mais aussi beaucoup sur la musicologie qui a une importance capitale pour moi, l’histoire de la musique.
Il s’agit d’un parcours à la fois de compositeur et de chercheur. C’est une chose qui m’a beaucoup nourri puisqu’ à la sortie du Conservatoire en 2000, j’ai essayé d’aborder des genres différents, le quatuor à cordes, l’opéra, l’orchestre, quasiment tous les genres de musique et ayant étudié ces genres de façon théorique et analytique, j’ai eu envie de les investir avec mon propre langage.
J’ai poursuivi mes études de 1993 à 2000, puis j’ai passé dix ans de ma vie à beaucoup composer dans tous les genres que je viens d’évoquer et aussi j’ai commencé à diriger notamment des ensembles de musique contemporaine et des orchestres ; c’est une activité qui s’est plutôt intensifiée pendant les quatre ou cinq dernières années. Justement un compositeur, c’est un musicien qui a appris à travailler avec des instrumentistes, des chefs d’orchestre, des chanteurs, des musicologues, des ingénieurs du son et le fait d’avoir eu à faire à tous les métiers de la musique, ça a facilité le fait que je prenne la direction du Conservatoire en 2010.

Festival Messiaen: 
     Depuis 2010 comment arrivez-vous à concilier votre responsabilité au Conservatoire et votre activité de compositeur ?

Bruno Mantovani:
     Et bien en dormant peu (rire), en prenant peu de vacances. Je suis au bureau ce samedi matin ! Après c’est une question de rapport intime, la nécessité vitale est la composition mais aussi la direction d’orchestre et le Conservatoire est devenu une nécessité vitale car c’est quelque chose de véritablement exaltant de travailler sur la transmission et sur l’organisation de la transmission. Je pense maintenant que je m’ennuierai si je n’exerçais que l’une de ces trois activités puisqu’elles se nourrissent mutuellement. Ce n’est pas de tout repos mais on verra quand je serais vieux (rire).

Festival Messiaen:
     Pourquoi avez-vous créé en 2011 le DAI “Répertoire contemporain et créations” ?

Bruno Mantovani:
     Justement parce que je pense que la musique contemporaine a totalement dirigé le Conservatoire depuis très longtemps, on a toujours consacré une partie de l’enseignement au répertoire d’aujourd’hui mais je voulais qu’il y ait un flash, un focus plus précisément sur cette pratique, qui n’est d’ailleurs pas forcément internationalement répandue, il y a d’excellentes maisons dans lesquelles on trouve peu de musique de notre temps. Je souhaitais qu’il y ait cette spécialisation qui puisse aussi être une forme de travail sur l’insertion c’est pour cela d’ailleurs que le partenariat entre DAI et le festival Messiaen est importante parce qu’il y a cette possibilité pour les élèves ayant envie de travailler sur ce répertoire d’être confronté à des scènes à des publics du monde professionnel.

Festival Messiaen: 
     Qu’attendez-vous du partenariat mis en œuvre  depuis 2012 entre cette classe de DAI et le festival Messiaen ?

Bruno Mantovani:
     On ne sait jamais à l’avance ce que l’on va pouvoir proposer parce que tout dépend des élèves qui rentrent dans ce cursus. Néanmoins le festival a des thématiques chaque année et nous sommes obligés de mettre en place une réflexion pour sa propre programmation et de nous adapter avec les instrumentistes dont on dispose. Le festival est quelque chose qui se passe à la fois de façon très logique mais aussi très informelle et très amicale.  

Festival Messiaen: 
     Comment s’établit le choix des œuvres  interprétées au festival Messiaen par les étudiants du DAI ?

Bruno Mantovani:
     On  a voulu, cette année, les regrouper en petit ensemble que je dirigerais pour qu’eux aussi aient cette notion non pas uniquement de soliste mais aussi de pratique collective Après le choix se fait entre les interprètes et Gaëtan Puaud évidemment !

Festival Messiaen:
     Pour vous que représente le personnage d’Olivier Messiaen dans l’univers de la musique classique contemporaine ?

Bruno Mantovani:
     D’abord et avant tout je dirais le grand musicien qu’il était avec sa capacité à créer un langage extrêmement personnel et reconnaissable et des œuvres emblématiques de la musique Française et de la musique moderne. Messiaen est une figure importante du Conservatoire que je dirige et ou j’ai été élève puisque Messiaen a été un pédagogue hors pair. Mes  propres professeurs, que cela soit en analyse ou en composition, étaient des élèves de Messiaen. Il n’y a pas eu de rapport direct parce que je suis un peu plus jeune pour avoir connu Messiaen mais j’ai eu cette chance d’avoir eu ces professeurs, ces maîtres qui eux avaient eu un accès direct à Messiaen.

Festival Messiaen: 
     La musique de Messiaen vous inspire-t-elle dans votre travail de compositeur ?

Bruno Mantovani: 
     Pas forcément, pas de façon épigonale ou d’influence prévisible mais bien sûr qu’il y a cette culture française et cette langue qui est commune mais je ne pense pas, c’est assez difficile de vous répondre, peut être qu’un étranger vous dirait avec un recul suffisant qu’il y a une couleur commune. Cela reste de toute façon une figure très importante pour tout musicien d’aujourd’hui.

Festival Messaien: 
     A côté de Messiaen,  y-a-t-il un compositeur qui vous ait influencé et été une source d’inspiration privilégiée pour vous ?

Bruno Mantovani:
     Il y en a beaucoup ! Je n’ai pas non plus l’impression d’être un épigone de Boulez mais c’est vrai que sa personnalité est très importante pour moi en tant que musicien et en tant que personne ayant des responsabilités, qui a été très polyvalent, l’écriture, la direction d’orchestre, la direction d’institution. C’est vrai qu’il est peut être une forme de modèle ! Après,  est-ce que ma musique est Boulézienne, je ne le pense pas ! De loin sûrement car il a été une figure fondamentale pour moi. Mais comme Berio pourrait l’être aussi, mais il est moins connu mais ces sources d’inspiration n’ont pas besoin d’être mondialement connues pour être une forme d’influence. Vous savez nous ne sommes plus dans une époque où on a des styles identifiés. On a plutôt des choses très synthétiques donc ça serait une synthèse de beaucoup de personnes.


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