vendredi 19 juillet 2013

En savoir plus sur... Alexander Goehr

Alexander Goehr est né en 1932 à Berlin. Il emménagea avec ses parents en Grande-Bretagne alors qu’il n’était qu’un nourrisson. Avec une mère pianiste et un père chef d’orchestre qui reçut les enseignements de Schoenberg, Goehr baigne dans la musique depuis qu’il est enfant. C’est donc sans surprise qu’il étudie la composition au Royal Manchester College of Music.

Ecouter la première de la Symphonie de Turangalila écrite par Messiaen dirigée par son père fut comme une révélation pour lui. Messiaen était l’homme qu’il lui fallait pour pouvoir apprendre davantage. C’est pourquoi Goehr partit suivre ses cours au Conservatoire National de Paris en 1955-1956.
« Quand un élève de sa classe voulait lui montrer une œuvre, il devait prévoir de rester après la classe. C’est ce que je fis une fois afin de lui soumettre une œuvre pour orchestre que j’avais composée en Angleterre, l’année précédente. Il l’examina soigneusement, s’arrêtant sur quelques détails qui nécessitaient plus d’attention. Puis, il s’excusa : « Je regrette de ne pouvoir composer une musique comme celle-là » ou « de ce style ». Je ne me suis jamais senti si petit de ma vie et considérais sa réponse comme un rejet poli mais total » raconte Alexander Goehr lorsqu’il se rappelle de ses années passées à Paris.  Pour Messiaen, « dans la musique comme dans la nature, vous devez percevoir un détail avec précision, jusqu’à le mesurer, mais toujours situer son effet à l’intérieur de la totalité du mouvement ».

Plus tard, ce fut au tour d’Alexander Goehr d’enseigner, et notamment à George Benjamin. « Ce n’était pas chose facile de prendre comme étudiant, quelqu’un qui avait auparavant été avec le Maître à Paris. Quand je faisais une remarque sur une partition, George pouvait dire : « Mais le Maître a dit… ». Que pouvais-je répondre ! »,  se souvient Alexander Goehr. Mais c’est avec « plaisir » et « fierté » qu’Alexander Goehr apprit à cet élève ce qu’il connaissait. George Benjamin  est depuis devenu « un magnifique compositeur et un bon ami ».


Pour en revenir à l’univers d’Alexander Goehr, l’intérêt qu’il porte dans la musique du passé n’a rien à voir avec ce qu’on peut appeler du conservatisme musical. Il est plutôt le signe d’une exploration sans cesse renouvelée de ses propres racines musicales. La musique du passé ne disparaît pas, selon lui, au profit de la recherché d’un langage musical innovant. De plus, avec les années, ce qu’Olivier Messiaen a pu lui enseigner semble « désormais clair dans mon esprit et a plus d’importance pour moi qu’à l’époque où il le fit ».

En savoir plus sur...le festival Messiaen

Nous allons assister cet été à la 16ème édition du festival Oliver Messiaen placé sous l’égide de la musique contemporaine. C’est pourquoi il est intéressant de faire un bref retour dans le temps, et de se rendre compte de l’évolution qu’a connue ce festival. A l’origine de ce festival se trouve un homme, Mr Gaëtan Puaud, qui en 1997, décida de rendre hommage à une œuvre de Messiaen : « Et Exspecto Resurrectionem Mortuorum ». Le compositeur avait souhaité qu’elle soit interprétée en plein air face à la Meije, devant le paysage qui l’avait inspiré au moment de sa composition. C’était donc l’occasion de « réaliser un festival qui puisse servir d’écrin à la réalisation du vœu de Messiaen », explique Mr Puaud.

C’est notamment grâce au soutien moral du Père Gildas Beauchêne qui était alors le curé de la paroisse de La Grave et à celui de Jean-Paul Durand, le maire de La Grave en 1998. Celui-ci a alors accompagné les premières démarches de Mr Puaud auprès des différentes collectivités locales et surtout auprès de La Drac d’Aix-en-Provence.

La première édition du festival se déroula les 29 et 30 juillet 1998. Les pianistes Pierre-Laurent Aimard  et Roger Muraro se partagèrent les 13 pièces du Catalogue d’oiseaux de Messiaen. L’ensemble vocal Musicatreize interpréta les  « Cinq Rechants » et le festival se conclut par un «Quatuor pour la fin du Temps » avec Marie-Josèphe Jude au piano, Pascal Moraguès à la clarinette, Marco Rizzi au violon et Jérôme Pernoo au violoncelle. L’enthousiasme fût général : la découverte de la musique de Messiaen pour beaucoup et la merveilleuse acoustique de l’église de La Grave émerveillèrent le public et les artistes. Tous se donnèrent rendez-vous à l’année suivante et le rythme annuel fût ainsi institué ! Dès la deuxième année, le festival devint thématique explorant année après année tantôt les centres d’intérêt de Messiaen ou les influences du maître. Parfois, le festival évoque la personnalité de compositeurs prestigieux qui furent ses élèves au Conservatoire de Paris. Ce fût le cas en 2010 avec Pierre Boulez. Ce sera le cas cet été avec George Benjamin et Alexander Goehr.

En ce qui concerne l’avenir du festival, il est à noter que la programmation de l’édition de 2014 est déjà assurée.  L’enjeu de la 20ème édition pour Mr Puaud, quand elle aura lieu, sera de rassembler un grand nombre de musiciens qui ont contribué à l’histoire du festival et que chacun d’eux puisse créer une œuvre à cette occasion.

« Pour ce qui est de cet été, nous avons la chance d’accueillir deux compositeurs anglais qui furent élèves dans la classe de Messiaen. Et, plus extraordinaire, l’un fût ensuite le second professeur de l’autre : Alexander Goehr dont l’œuvre est malheureusement peu connue en France. La meilleure preuve en est que le programme comprend la création française de six de ses œuvres. C’est un grand privilège pour le festival de recevoir  un compositeur de l’envergure de George Benjamin qui est à mes yeux le plus grand compositeur vivant de sa génération », ajoute Gaëtan Puaud.


Comme mot de la fin, et je crois que nous pouvons tous être admiratif : « Je suis heureux que ce festival Messiaen au pays de la Meije se soit installé comme l’une des grandes manifestations musicales de l’été malgré la modicité des moyens dont il dispose », et nous ne pouvons qu’être d’accord avec cela.

jeudi 11 juillet 2013

Into The Little Hill

         
C’est le premier opéra écrit par George Benjamin d’une durée relativement courte, 40 minutes environ.  Il raconte le conte médiéval très connu du « Joueur de Flûte » de Hamelin dans un style contemporain chanté et narré tout du long par seulement deux chanteuses : une soprano et une contralto. Elles sont accompagnées par un ensemble de 15 musiciens avec des instruments plus qu’inhabituels : la flûte basse, le cor de basset, la clarinette contrebasse, le cymbalum, la mandoline et le banjo. Cette œuvre a marqué le début de ma collaboration avec le dramaturge anglais Martin Crimp qui a su développer  « des éléments d’une très grande importance pour moi », commente Benjamin. Commandée et jouée pour la première fois lors du Festival d’Automne en 2006, George Benjamin l’a dirigée plus d’une douzaine de fois avec le London Sinfonietta, mais c’est la première fois qu’il le dirigera en France et son interprétation fera l’objet pour la première fois d’une captation radiophonique par France Musique. Par ailleurs, son premier engagement professionnel en tant que chef d’orchestre fut avec le Sinfonietta au festival d’Alderburgh en 1980. Ce concert sera donc un grand événement artistique à tous égards. 

En savoir un peu plus sur...George Benjamin

          Compositeur, chef d’orchestre et pianiste, son univers tourne principalement autour de la musique contemporaine. Mais que représente précisément la musique contemporaine? Selon Mr Benjamin, c’est la musique qui est écrite à notre époque et qui reflète les pensées, les croyances et les sons du monde moderne, mais qui ne ressemble à aucune autre forme de musique écrite auparavant.
          S’il est invité cette année encore au festival Olivier Messiaen, ce n’est pas par hasard. George Benjamin a noué des liens très étroits avec Olivier Messiaen depuis qu’il fut son élève à la rentrée 1976 au Conservatoire de Paris (Mr Benjamin était alors âgé de 16 ans seulement) et ce, durant deux ans. La première année, il voyagea chaque mois de Londres à Paris pour assister à ses cours, et devint son élève officiel  seulement la deuxième année. Il lui enseigna l’art de la composition tandis que son épouse, Yvonne Loriod lui enseignait le piano. Toutefois, Messiaen prenant sa retraite,  George Benjamin retourna en Angleterre étudier  la composition à Cambridge.
          Olivier Messiaen était vraiment « un grand homme, et sa grandeur d’âme n’avait d’égal que sa grandeur artistique ». Il était « un professeur dévoué, exceptionnellement gentil, doux et à l’écoute de ses élèves ». En outre, il a été « une grande source d’inspiration » pour plusieurs générations d’élèves à travers le monde entier. « En aucune façon je me considère comme étant son disciple ou son successeur, car l’un des aspects les plus nobles de Messiaen en tant que professeur était le désir qu’il avait de ne pas s’imposer sur le caractère ou le style de ses élèves et de servir les jeunes compositeurs qui se trouvaient en face de lui de la manière la plus humble possible » raconte George Benjamin lui-même. Olivier Messiaen était même prêt à laisser ses élèves s’éloigner de son propre univers pour qu’ils puissent explorer d’autres horizons et emprunter leur propre voie. Et bien sûr, puisque George Benjamin enseigne lui aussi  désormais à de jeunes compositeurs (ce qui est quelque chose qu’il adore faire, soit dit en passant), Messiaen reste pour lui un modèle, bien qu’impossible à égaler.
          Après les années passées à Paris auprès de Messiaen, il partit étudier à Cambridge de 1980 à 1982 avec Alexander Goehr, autre élève de Messiaen. Il fut un professeur merveilleux bien que très différent de Messiaen. Tel un philosophe, il prônait une approche très réfléchie sur l’art de la composition. « Il devint l’un de mes grands amis et je suis par conséquent très heureux que nous soyons réunis à la Meije cet été ».

          En résumé, George Benjamin, compositeur britannique est aussi un artiste musicien pratiquement biculturel (français-anglais) qui a su tirer avantage de ses expériences passées dans ces deux pays et des différents hommes qu’il y a rencontrés, non seulement Messiaen, mais aussi Dutilleux, Boulez, Grisey, Murail et Dusapin. Et même si les cultures de ces deux nations sont très différentes, elles partagent également bien des choses. Les Anglais adorent vraiment la musique Française et il semblerait, d’après les observations de Mr Benjamin, que la France montre un intérêt grandissant pour la musique de ses voisins de l’autre côté de la Manche. 

samedi 18 mai 2013

La viole qui pleure, le violoncelle qui rit


Le projet d'animation musicale proposé par le festival Messiaen va débuter
prochainement dans plusieurs écoles primaires du Briançonnais.

Les ateliers pédagogiques présentés par Gaëtan Puaud (directeur artistique du festival Messiaen) et réalisés en collaboration avec la Communauté de Communes du Briançonnais, le Conservatoire de Briançon et Madame Petra Duez (animatrice musicale), vont avoir lieu du mardi 21 mai au mercredi 29 mai 2013.
La tournée dans les classes s'achèvera par deux concerts pédagogiques, le jeudi 30 mai 2013 au Théâtre du Briançonnais et à la salle du Dôme de Monêtier-les-bains. Les deux concerts donnés pour les jeunes du Briançonnais permettront d'écouter deux interprètes Aude Vanackère (viole de gambe) et Fernando Lima de Albuquerque (violoncelle). Au programme de ces concerts, des oeuvres de Marais, Bach, Vivaldi, Lutoslawski.



mardi 30 avril 2013

Bénévoles 2013

Rejoignez l'équipe du festival et participez à l'organisation d'un événement musical unique !



Le festival recherche des jeunes bénévoles, dynamiques et sérieux, pour encadrer la 16ème manifestation du 27 juillet au 4 août 2013.

Vous êtes majeurs;
Vous savez lire la musique pour tourner les pages des pianistes;
Vous êtes curieux d'entendre des oeuvres contemporaines, rarement jouées, par des musiciens d'exception et bénéficier de la présence d'un compositeur majeur de notre temps: George Benjamin!


Vous accueillerez artistes, compositeurs, journalistes, spectateurs;
Vous aiderez à la mise en place des concerts et conférences;
Vous  assisterez aux répétitions des musiciens... le tout dans un cadre de montagne exceptionnel!

En contrepartie l'association vous offrira l'hébergement et la nourriture et remboursera les frais d'essence de vos véhicules pendant la manifestation.



Contactez dès à présent Karine Guichard : festival-messiaen@orange.fr









L'affiche et le programme du festival 2013 dévoilés!



Le programme du festival Olivier Messiaen au pays de la Meije 2013
 
 
 
 
est à découvrir sur le nouveau site du festival :
 





lundi 1 avril 2013

L’interview exclusive de George Benjamin



Pouvez-vous-vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Georges Benjamin ; né en 1960, j’ai commencé à jouer et écrire des morceaux à l’âge de sept ans environ. Mon métier principal est celui de compositeur mais je dirige et enseigne aussi (au King’s College de Londres), il m’arrive aussi parfois de me produire en tant que pianiste. 

Vous êtes l’invité d’honneur du festival cette année, que représente pour vous ce statut ?
Tout ce que j’entends à propos du Festival Messiaen m’impressionne, notamment son cadre qui est apparemment extraordinaire. J’adore la Montagne, tout comme Messiaen, et je suis vraiment impatient de ma visite là-bas cet été. Je suis aussi conscient des réussites artistiques du festival depuis sa création, et suis donc profondément touché d’être invité cette année.

Pouvez-vous nous parler du rapport que vous entreteniez avec Messiaen ?
Messiaen m’a accueilli dans sa classe quand je n’avais que 16 ans, il avait l’habitude de m’appeler son « Benjamin », du fait que je sois le plus jeune élève qu’il n’ait jamais eu. Il ne fait aucun doute qu’il était le professeur le plus prodigieux, généreux et engagé imaginable, je me remémore la période pendant laquelle j’étais avec lui à Paris avec un profond sentiment de gratitude et d’émotion.
Nous sommes restés étroitement en contact après son départ du conservatoire de Paris en 1978 et jusqu’à son décès en 1992. Nous nous voyions souvent, que ce soit à Paris ou à Londres, où, durant les vingt dernières années de sa vie il venait souvent en tant que visiteur. La première fois que nous nous sommes rencontrés — en avril 1976 — constitue probablement le jour décisif de ma vie de musicien.

Dans quelles œuvres d’Olivier Messiaen vous retrouvez-vous le plus ?
La première note de Messiaen que j’ai entendue provenait de La Nativité, et je me rappelle encore de l’impact que ces merveilleuses harmonies ont eu sur mes oreilles d’adolescent. Après cela j’ai écouté Turangalila, que j’ai bien sûr trouvé éblouissant. Le niveau d'inspiration de son catalogue est resté remarquablement élevé tout au long de sa carrière, il est donc difficile pour moi de choisir mes œuvres favorites — il y en a trop !

Vous avez été influencé par de nombreux compositeurs tout au long de votre carrière, y a-t-il un artiste qui vous inspire plus particulièrement aujourd’hui ?
Pas vraiment, il vient un moment où l’on doit juste devenir indépendant. Bien que mes compositeurs favoris, de ces deux derniers siècles uniquement, restent Beethoven, Berlioz, Schuman, Chopin, Wagner, Mussorgsky, Mahler, Debussy, Ravel, Stravinsky, Berg, Webern, Janacek, Messiaen, Boulez, Ligeti… Je devrais quand même mentionner l’auteur Martin Crimp, avec qui j’ai collaboré sur deux opéras durant ces dernières années et dont les écrits ont eu une conséquence décisive sur mon travail.

Vous travaillez avec de nombreux orchestres prestigieux et notamment le London Sinfonietta. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?
Le London Sinfonietta a joué pour la première fois une de mes œuvres en 1980, quand je n’avais que 20 ans, et je l’ai aussi dirigé, au festival d’Aldeburgh. Depuis cela nous avons collaboré régulièrement, et ils demeurent mes plus proches compagnons de musique en Angleterre. Je suis tellement content que nous puissions visiter la Meije ensemble !

Alexander Goehr est aussi invité pour cette 16ème édition, vous avez longtemps travaillé à ses côtés, pouvez-vous nous parler de votre relation ?
Mes études avec Goehr ont débuté immédiatement après que j’ai quitté Paris en 1978. Notre relation n’a pas été simple au début mais, les années passant, il est devenu extrêmement important pour moi, son approche philosophique de la musique a eu un impact considérable. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'autre qui, en quelques mots, pouvait ouvrir de nouveaux champs de pensée, de ceux qui étaient à même de maintenir l'inspiration pendant un morceau entier.
Goehr lui-même était un élève de Messiaen, 30 ans avant moi, mais son père Walter, fût l’un des élèves les plus prometteurs de Schoenberg, à Berlin, donc sa culture musicale est aussi variée qu’immense. Son influence sur l'évolution de la musique moderne au Royaume-Uni, et ce sur plusieurs générations,  a été considérable, aussi est-ce émouvant pour moi qu'il soit avec nous à la Meije cet été.

Avez-vous un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?
Après avoir achevé mon premier opéra “Written on skin” l’année dernière, j’entame la conception de mon prochain travail, de ce fait vous allez devoir m’excuser d’être quelque peu cachottier en ce qui concerne la forme que cela va prendre…