Parmi les nombreuses
formations orchestrales et vocales, que vous avez dirigées, quel moment reste le
plus fort ?
Roland Hayrabedian:
Je parlerai des œuvres qui
m’ont marquées et qui continuent de me marquer plutôt que des formations. La
formation que j’ai toujours préférée c’est
Musicatreize.
Mais j’ai dirigé beaucoup
d’autres choses.
Quand je dirige à Radio
France je suis toujours ravi, mais je préfère vous parler des œuvres que j’ai
dirigé qui m’ont marquées. Il y a beaucoup de pièces de Maurice Ohana; j’ai été
assez proche de ce compositeur mort en 1992. J’ai enregistré énormément sa musique
et j’ai toujours eu beaucoup de plaisir à le faire, quelques soient l’orchestre
et les chanteurs avec lesquels j’ai travaillé.
Plus récemment, j’ai
énormément travaillé avec le compositeur Zad Moultaka, un franco-libanais né en
France, qui a une façon de faire la musique très particulière. J’aime beaucoup cette
musique. Je travaille également avec le franco-grec Alexandro Markeas.
Vous verrez vite dans ce parcours que Ohana, Markeas et Moultaka sont des
méditerranéens et on un rapport avec une forme de la vocalité qui m’intéresse.
On peut faire un lien
avec le festival de la Meije, bien entendu. Olivier Messiaen n’est pas un méditerranéen. Par contre Jean-Louis Florentz, lui, est allé chercher son altération en Ethiopie. Il y a quelque chose d’assez fort dans cette relation. Par exemple, concernant Florentz, j’ai souvent dirigé Asmara au Maroc en sa présence.
Il y a quelque chose d’assez
proche entre tous ces compositeurs que j’affectionne particulièrement.
Quant à Messiaen c’est quelqu’un que j’ai beaucoup dirigé notamment notamment Les Cinq Rechants, mais pas seulement. J’ai fait aussi Des Canyons aux étoiles avec le festival d’Avignon et c’est la première fois que je ferais Les Trois Petites Liturgies de la Présence Divine.
Quant à Messiaen c’est quelqu’un que j’ai beaucoup dirigé notamment notamment Les Cinq Rechants, mais pas seulement. J’ai fait aussi Des Canyons aux étoiles avec le festival d’Avignon et c’est la première fois que je ferais Les Trois Petites Liturgies de la Présence Divine.
Olivier Messiaen est un
compositeur qui a été un quasi contemporain de Ohana et qui a marqué toute
cette génération. C’est indéniable parce qu’il y avait une couleur, un sens
orchestrale assez formidable dans ses compositions.
Pouvez-vous nous parler de
Musicatreize, projet que vous avez créé en 1987 ?
Roland Hayrabedian:
Le concept était autour de 12. Musicatreize ça voulait
dire 12 chanteurs plus moi. Mais, finalement, cela devient un terme
générique qui ne veut plus dire ceci, car je travaille avec un volant de
chanteurs et d’instrumentistes qui est beaucoup plus large que 12. Nous faisons beaucoup de
musique de scène, beaucoup de théâtre musical.
Ce qui m’a
particulièrement touché ces dernières années? La Symphonie
de Psaumes de Stravinsky, pour au moins 50 chanteurs. Les formes sont donc extrêmement variées et libres.
De 2002 à 2005, vous avez été le Directeur
musical de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Comment avez-vous vécu
cette expérience ?
Roland Hayrabedian:
Pour moi ce fût été une
expérience très importante, une période très heureuse parce que ce projet m’a
permis de côtoyer de jeunes musiciens qui, d’ailleurs, pour certains, se sont
retrouvés dans Musicatreize ensuite. J’ai beaucoup
tourné avec cet ensemble dans tout le bassin Méditerranéen et cela a été une
période incroyable car les jeunes musiciens donnent une énergie absolument
fantastique. Nous ne sommes pas
dans un rapport professionnel direct. C’est une sorte de stage d’été dans lequel
ils se retrouvent. Pour moi il n’y a pas ce rapport qui peut être conflictuel avec l'argent, puisque ils sont vraiment là pour faire la musique. Nous avons réalisé des choses formidables avec eux: enregistré un disque, ainsi que des concerts
partout dans les pays du Magreb et en Italie, en Espagne. J’ai
visité aussi beaucoup de pays pour recruter ces jeunes musiciens puisqu’ils
viennent de tout le bassin Méditerranéen.
Aimez-vous votre rôle d’enseignement au CNR
de Marseille, et que vous apporte-t-il ?
Roland Hayrabedian:
Cela m’apporte beaucoup !
J’aime beaucoup faire ça, et cela me permet de ne pas perdre contact avec la
réalité. On apprend beaucoup des autres et donc quand on est enseignant on
apprend beaucoup de ses étudiants. Comme j’enseigne la direction, j’ai acquis une maîtrise dans cette discipline, mais qui vient à la
fois du fait que je fais beaucoup de choses par ailleurs. Je suis un enseignant qui pratique et en même temps ma réflexion
se nourrit aussi de cette réflexion pédagogique. Cela m’apporte beaucoup dans
mon travail professionnel quand je dirige et quand je fais travailler des
groupes professionnels.
Je pense que si nous
n’avons pas ce rapport-là, on perd vite le contact et on peut devenir quelqu’un
d’absolument déconnecté de la réalité.
Comment vous envisager votre participation au
festival Messiaen 2014 ?
Roland Hayrabedian:
Pour moi, c’est un moment
fort, car cette production a été très difficile à monter car elle est assez onéreuse. Et c’est un moment fort d’autant que je suis natif de Briançon. J’ai été
baptisé et j'ai fait ma première communion dans cette église où je vais pour la
première fois diriger des œuvres.
On a une relation avec ce festival qui est n’est pas récente. Avec l'ensemble Musicatreize, nous sommes venus souvent au Festival Messiaen. Nous aimons retrouver ce festival pour pouvoir y jouer ces musiques qui sont emblématiques du XXème siècle. Ce ne sont pas des créations récentes, mais des pièces maîtresses et essentielles. Le fait d’avoir un lien à travers Messiaen et tout ce que propose Gaëtan Puaud, à La Grave, c’est quelque chose de très important et formidable dans ces Alpes un peu perdues !
On a une relation avec ce festival qui est n’est pas récente. Avec l'ensemble Musicatreize, nous sommes venus souvent au Festival Messiaen. Nous aimons retrouver ce festival pour pouvoir y jouer ces musiques qui sont emblématiques du XXème siècle. Ce ne sont pas des créations récentes, mais des pièces maîtresses et essentielles. Le fait d’avoir un lien à travers Messiaen et tout ce que propose Gaëtan Puaud, à La Grave, c’est quelque chose de très important et formidable dans ces Alpes un peu perdues !
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