Pourriez-vous nous décrire votre parcours musical
depuis votre entrée au CNSMDP en tant qu’élève en 1993 jusqu’à votre prise de
fonction de ce même établissement en 2010 ?
J’ai eu un parcours assez
varié qui était axé à la fois sur la création et l’écriture, compositions et
toutes les disciplines de la plume mais aussi beaucoup sur la musicologie qui a
une importance capitale pour moi, l’histoire de la musique.
Il s’agit d’un parcours à
la fois de compositeur et de chercheur. C’est une chose qui m’a beaucoup nourri
puisqu’ à la sortie du Conservatoire en 2000, j’ai essayé d’aborder des genres
différents, le quatuor à cordes, l’opéra, l’orchestre, quasiment tous les
genres de musique et ayant étudié ces genres de façon théorique et analytique,
j’ai eu envie de les investir avec mon propre langage.
J’ai poursuivi mes études
de 1993 à 2000, puis j’ai passé dix ans de ma vie à beaucoup composer dans tous
les genres que je viens d’évoquer et aussi j’ai commencé à diriger notamment
des ensembles de musique contemporaine et des orchestres ; c’est une
activité qui s’est plutôt intensifiée pendant les quatre ou cinq dernières
années. Justement un compositeur, c’est
un musicien qui a appris à travailler avec des instrumentistes, des chefs
d’orchestre, des chanteurs, des musicologues, des ingénieurs du son et le
fait d’avoir eu à faire à tous les métiers de la musique, ça a facilité le fait
que je prenne la direction du Conservatoire en 2010.
Depuis 2010 comment arrivez-vous à concilier
votre responsabilité au Conservatoire et votre activité de compositeur ?
Et bien en dormant peu
(rire), en prenant peu de vacances. Je suis au bureau ce samedi matin ! Après c’est une
question de rapport intime, la nécessité vitale est la composition mais aussi
la direction d’orchestre et le Conservatoire est devenu une nécessité vitale
car c’est quelque chose de véritablement exaltant de travailler sur la
transmission et sur l’organisation de la transmission. Je pense maintenant que
je m’ennuierai si je n’exerçais que l’une de ces trois activités puisqu’elles
se nourrissent mutuellement. Ce n’est pas de tout repos mais on verra quand je
serais vieux (rire).
Pourquoi avez-vous créé en 2011 le DAI “Répertoire
contemporain et créations” ?
Justement parce que je
pense que la musique contemporaine a totalement dirigé le Conservatoire depuis
très longtemps, on a toujours consacré une partie de l’enseignement au
répertoire d’aujourd’hui mais je voulais
qu’il y ait un flash, un focus plus
précisément sur cette pratique, qui n’est d’ailleurs pas forcément internationalement répandue, il y a
d’excellentes maisons dans lesquelles on trouve peu de musique de notre temps. Je souhaitais qu’il y ait cette spécialisation
qui puisse aussi être une forme de travail sur l’insertion c’est pour cela
d’ailleurs que le partenariat entre DAI et le festival Messiaen est importante
parce qu’il y a cette possibilité pour les élèves ayant envie de travailler sur
ce répertoire d’être confronté à des scènes à des publics du monde
professionnel.
Qu’attendez-vous du partenariat mis en œuvre depuis 2012 entre cette classe de DAI et le
festival Messiaen ?
On ne sait jamais à
l’avance ce que l’on va pouvoir proposer parce que tout dépend des élèves qui
rentrent dans ce cursus. Néanmoins le festival a des thématiques chaque année
et nous sommes obligés de mettre en place une réflexion pour sa propre
programmation et de nous adapter avec les instrumentistes dont on dispose. Le
festival est quelque chose qui se passe à la fois de façon très logique mais
aussi très informelle et très amicale.
Comment s’établit le choix des œuvres interprétées au festival Messiaen par les
étudiants du DAI ?
On a voulu, cette année, les regrouper en petit
ensemble que je dirigerais pour qu’eux aussi aient cette notion non pas
uniquement de soliste mais aussi de pratique collective Après le choix se fait
entre les interprètes et Gaëtan Puaud évidemment !
Pour vous que représente le personnage d’Olivier
Messiaen dans l’univers de la musique classique contemporaine ?
D’abord et avant tout je
dirais le grand musicien qu’il était avec sa capacité à créer un langage
extrêmement personnel et reconnaissable et des œuvres emblématiques de la
musique Française et de la musique moderne. Messiaen est une figure importante du Conservatoire que je dirige et ou
j’ai été élève puisque Messiaen a été un pédagogue hors pair. Mes propres professeurs, que
cela soit en analyse ou en composition, étaient des élèves de Messiaen. Il n’y
a pas eu de rapport direct parce que je suis un peu plus jeune pour avoir connu
Messiaen mais j’ai eu cette chance d’avoir eu ces professeurs, ces maîtres qui
eux avaient eu un accès direct à Messiaen.
La musique de Messiaen vous inspire-t-elle dans
votre travail de compositeur ?
Pas forcément, pas de
façon épigonale ou d’influence prévisible mais bien sûr qu’il y a cette culture
française et cette langue qui est commune mais je ne pense pas, c’est assez
difficile de vous répondre, peut être qu’un étranger vous dirait avec un recul
suffisant qu’il y a une couleur commune. Cela reste de toute façon une figure
très importante pour tout musicien d’aujourd’hui.
A côté de Messiaen, y-a-t-il un compositeur qui vous ait influencé
et été une source d’inspiration privilégiée pour vous ?
Il y en a beaucoup ! Je
n’ai pas non plus l’impression d’être un épigone de Boulez mais c’est vrai que
sa personnalité est très importante pour moi en tant que musicien et en tant
que personne ayant des responsabilités, qui a été très polyvalent, l’écriture,
la direction d’orchestre, la direction d’institution. C’est vrai qu’il est
peut être une forme de modèle ! Après,
est-ce que ma musique est Boulézienne, je ne le pense pas ! De loin
sûrement car il a été une figure fondamentale pour moi. Mais comme Berio
pourrait l’être aussi, mais il est moins connu mais ces sources d’inspiration
n’ont pas besoin d’être mondialement connues pour être une forme d’influence. Vous savez nous ne sommes plus dans une
époque où on a des styles identifiés. On a plutôt des choses très synthétiques
donc ça serait une synthèse de beaucoup de personnes.
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